Let you down [Pv Lexie] [FINISHED]

[Suite de L’intranquilité]

Sur la route du bar. Le silence fait rage, la fenêtre légèrement ouverte laisse une fine brise passer et me taper dans les cheveux… Non, je blague, une voiture comme ça, ça a la clim! Si c’est pas génial ça, température agréable, siège en cuir, musique sympa en fond. Que j’éteins au bout de quelques minutes. C’est pas que mais, ça empêche de parler. A force de ce concentrer sur les paroles, toutes plus débiles les unes que les autres, ça perturbe.

- Je réfléchis beaucoup, puis je philosophe souvent.

C’est pas parce que je réfléchis que j’ai des idées intéressantes, j’avoue, c’est pas non plus pour ça que je suis plus intelligent qu’un autre. Mais je suis pour les rêves et pour qu’on profite un peu plus de la vie que les connards qui nous formate. Ce faire des tatouages, se faire percer et passer à la télé, c’est pas suffisant. Tu te pince pour savoir que tu vis et t’as toujours l’impression d’être dans un grand cauchemar ou tu risques ta peau à chaque pas que tu fais dehors. Profiter de quoi? De l’adrénaline? Et tuer son espoir pour pouvoir sortir en se foutant de notre putain de vie. Faut la baiser, avant qu’elle ne nous baise.

- Et j’ai réfléchi à comment il fallait profiter de la vie. Parce que faut dire qu’entre quatre murs on a vraiment que ça à penser. J’ai pas eu l’illumination divine, mais je me suis dit qu’après ça je serais vraiment au fin fond du trou. Le trou de ma vie quoi. Et tu sais pas quoi…?

Une main sur le volant, je tourne légèrement la tête pour la regarder. Alala, paisible ou pas, tu dois te dire qu’il y a un truc qui tourne pas rond dans ma petite tête, mais ne saute pas de la caisse, ça serait vraiment dommage. Et ça, même si je ne regarde plus la route. C’est que, y a du trafic à cette heure là quand même, et c’est pas les quelques coups de klaxon me prévenant que je ne suis plus tout à fait sur ma voie qui me feront paniquer. Oh! C’est bon les gars! Y a pas mort d’hommes, je mange un peu le trait, pas de quoi en faire un fromage.

- Arrivé là on se sent relativement libre. Il peut pas t’arriver pire. Sans espoir, sans attaches, après que ta vie ait foutue le camp. T’es plus libre que libre, même en tôle. Toucher le fond, c’est dur malgré tout, et vouloir arrêter de tout contrôler ça l’est encore plus. Faut laisser faire les choses. On est rien, on est pas exceptionnel…

Ma main libre tapote la poche de mon jean, après un coup brusque de volant qui nous ramène à nouveau dans notre file. Mouille pas ta culotte, le pire reste à venir la môme.

- Et si tu mourrais aujourd’hui, elle te ferais quel effet… Ta putain de vie?

J’ouvre mon paquet de clope… Et pour ça j’ai besoin de mes deux mains, mon pied s’enfonce sur l’accélérateur, et la voiture se décale dangereusement sur les autres voies. Les autres hurles, font des écarts, nous double. Moi j’allume ma cigarette… Et je compte pas remettre mes mains sur le volant.

Allons y, en plus il est galant c'est lui qui conduit, bien que depuis que j'ai eu le permis de conduire, je stress comme une malade à chaque fois que je monte en voiture avec quelqu'un si ce n'est pas moi qui tient le volant. Bon allez, on va être gentille aujourd'hui, on va accorder sa confiance en notre chauffeur. Enfin, parle pas trop vite, tu ne sais pas encore de quoi il est capable. Comment profiter de la vie ? Oui ça... c'est une question que je ne me pose pas tout les jours. Vraiment, et je ne pourrais pas te donner de réponses exact, car pour chaque être humain, la réponse doit être différente. Mais moi, je sais ce que je veux. Heu, j'écoute Soren, je regarde la route, je regarde Soren, et je regarde à nouveau la route, c'est normal ces changements si... soudain de direction. Ma main s'accroche à l'accroche main ( en fait je ne connais pas le mot exact pour décrire cet " objet ". )

" Je crois que ... " Non en fait je crois rien du tout, je suis juste obnubiler par la route, je t'écoute mais j'ai du mal à formuler des phrases correctes, étant donné ta maniabilité du volant... entre autre. " Soren, la route, tu sais ici on roule du côté dro.." à peine j'ai eu le temps de finir ma phrase qu'il était déjà remis sur la bonne file, encore heureux, j'ai bien cru que j'allais y passer, s'il veut me faire peur c'est réussit, les détraqués du volant ça m'angoisse à mort. Ce qui en parfaite adéquation avec sa question. A mon tour de le regarder, en plus comme ça je ne fais plus attention à la route. " Ma putain de vie me laisserais un goût d'inachevé. J'ai des rêves plein la tête, comme la plupart des filles de mon âge. Tu vois j'aimerais, j'aimerais vraiment vivre une relation passionnelle, fusionnelle, avec une femme ou un homme, d'amour ou d'amitié. J'aimerais ne plus être cette petite Lexie qui a peur de se lancer dans l'avenir, qui a peur que la vie lui mette encore une bonne baffe à travers la gueule, j'aimerais ne pas avoir peur de m'attacher aux gens, j'aimerais me dire " putain cette personne là, je peux lui accorder ma confiance ". J'aimerais me réveiller le matin et me dire que cette journée va encore dépoter. J'aimerais avoir ce petit de poisson comme Dora dans Nemo, j'aimerais avoir un chat angora que j'appellerais Sherkan. J'aimerais partir, comme ça, du jour au lendemain et aller quelque part, n'importe ou, mais quelque part. Mais j'aimerais pas être seule en faisant ça. " Je me taie, je crois que si je continue à lui dire ce que j'aimerais, j'en aurais pour trois siècle, et je ne voudrais pas qu'il s'endorme au volant. " Toi quelle serais la dernière chose que tu ferais si tu savais que tu allais mourir ? Me dit pas fumer une clope. " déclarai-je gentillement.

C'est vrai Soren lui, je suis sûr que ça serait la première et dernière chose qu'il ferait, mais j'aimerais bien voir au delà de sa donne de nicotine. Même si un plaisir... particulier, c'est un plaisir comme un autre. " De toute manière je pense qu'il y aura toujours quelque chose, toujours ce petit truc qu'on regrettera tous. On peut rêver sa vie, mais pour ce qui est de la vivre, tout est si différent... " Je ne parle pas comme une dépressive, loin de là mon attention, je ne suis pas suicidaire, je vous rassure, je tiens à la vie. Si peu intéressante soit-elle. " Et j'aimerais prendre une bonne grosse dernière cuite, histoire de... "

Oui y'en a qui prenne plaisir à tirer une bonne grosse bouffée sur une cigarette, moi personnellement, je préfère les petites bulles, ça me donne cette impression de plénitude. " Ça t'as apporté quelque chose la prison ? " Oui je lance ça comme une fleur, on va pas dire qu'il a du se pavaner tel un éphèbe entre quatre barreaux, mais il a du apprendre pas mal de truc... sur la vie. Alors moi ça m'interesse. Point.

Tu me regardes, je te regarde et on se raconte notre vie comme sur la terrasse d’un café. Je dis pas que c’est pas passionnant mais on en oublierait presque la route qui défile et les voitures qui klaxonnes. Les gens quand même, ils ne sont pas respectueux de ceux qui parlent tranquillement autour d’une bonne clope! Quoi merde? Vous voyez pas qu’on profite de la vie et qu’on a une conversation super? Vu vos gueules et vos gestes (très répétitifs, le majeur pointé vers le conducteur, moi quoi, c’est fort et universel et je comprend vaguement que je vous emmerde), je pense que c’est pas la conversation qu’on a qui vous dérange. Mais relativisez, dans 5minutes on est sur la voie de gauche, et dans 7minutes, si ont ne c’est pas fait rentrer dedans avant, ont est dans le fausset, le portable à l’oreille entrain de dire à Anne qu’on a cassé l’une de ses belles voitures. Comment? Ben sans le faire exprès, cette question! Je peux pas non plus lui dire que j’ai lâché le volant pour savoir, à peu près, combien Lexie avait perdu espoir. C’est un calcul approximatif. Si elle a vraiment ce goût d’inachevé on arrivera jamais jusqu’à la voie de gauche… Sinon on fera l’accident du siècle. Barge, moi? Comme si personne ne se fouttait en l’air juste pour le fun!

- Wahou, ça en fait des trucs que t’aimerais faire… Moi ça serait…

Je tire une bouffée de nicotine… Ben ouais, c’est ça que j’aimerais faire si je savais que j’allais mourir, et comme je ne sais toujours pas si elle va faire gaffe à la route, je préfère prévoir. Mais je vais faire original, du moins je cherche là. J’aimerais avoir un singe et l’appeler Garfield? Manière de créer l’ambiguïté? Savoir marcher sur les mains ou pourvoir manger MacDo sans prendre du poids? Non! J’aimerais que Kelyann cire mes chaussures avec la sueur de son front et qu’il avoue ma supériorité.

- Fumer une dernière clope! Je peux pas faire plus original.

Je cale bien mon dos sur mon siège alors que je penche la tête en levant un sourcil. Ah, la prison. Ca m’a apprit à serrer les fesses et à ne jamais ramasser la savonnette quand on me le proposait gentiment. Ca m’a aussi apprit à prendre le temps de la réflexion et à relativiser, à me foutre de tout et à ne faire confiance à personne. Oui, même à celui qui m’ouvrait les draps de son lit avec un clin d’œil angélique. Ca m’a apprit à fermer ma gueule, à me battre, à devenir renfrogné, et à me dire que les gens qui m’avaient avoué que je méritais à être connu étaient des menteurs. J’ai appris à tout faire pour ne pas l’être. Puis j’ai vu qui était mes amis. Les vrais, ceux qui venaient me rendre visite dans les pires moments. C’est là qu’on voit vraiment sur qui ont peut compter, parce qu’on a toujours besoin de dire à quelqu’un qu’on ne voulait pas mais que l’impulsion et la tentation étaient trop fortes… Ouais, ben je me suis dis tout ça dans ma tête, pour pas tarir leur putain de réputation, personne à poser le cul sur une chaise en bois en face de moi… Même pas pour me dire que j’étais un connard sans cœur.

- La tôle ça t’apprend un tas de choses. Qui tu es, d’abord, qui sont les autres, ensuite, et à faire un point immense sur ta putain de vie. Il m’a fallut deux ans pour toucher le fond, le fond du fond. Et j’ai trouvé le plus précieux des pétroles: le manque d’espoir. Sans ça j’aurais jamais lâché le volant de cette voiture. Et avec ça je ne me dis pas que ma vie à un goût d’inachevée.

Avant qu’elle ne réalise vraiment qu’on dérive totalement et que notre voie est désormais la mauvaise, coucou vous, j’attrape les deux poignets de la belle en la regardant droit dans les yeux. Regard profond à l’appuie, je plonge dans ses pupilles océaniques. Hey! Vous habitez encore chez vos parents jeune gourgandine? Bon, je fabule dans ma tête, mais c’est rien d’exceptionnel, je lui laisse même l’occasion d’entrevoir sur la commissure de mes lèvres un espèce de sourire. Mais non on dirait pas un rictus! C’est juste super dur d’être enjoy avec une clope entre les dents.

- C’est beau tout ce que tu me dis… Mais c’est clair que ça ne peut que te faire chier si ta vie devait te lâcher maintenant. Faut arrêter d’essayer de tout contrôler, faut pas remplir ta tête de choses que tu regretteras toujours de ne jamais avoir faite. Plaquer ses idées ça se fait pas en une semaine, c’est pas comme faire parti d’un de leur putain de show de merde, on est d‘accord. Apprend juste à laisser faire les choses, sinon tu vas vraiment te faire chier dans ta vie. LACHE TOI!

Et je te lâche les poignets pour reprendre ma clope en main.
Tu n’as plus qu’à te jeter sur le volant pour nous épargner l’accident, ou la mort.

Soren, non de dieu Soren, pourquoi est ce que tu aimes perdre le contrôle comme ça, d'habitude les hommes font tout pour tout avoir entre les mains et pouvoir jouer à leur guise. Je ne faisais pas attention a tes mains, quittant le volant, jusqu'à ce que tes paroles m'arrivent en pleine face. Non mais j'ai pas envie de mourir, tu veux que je fasse la contorsionniste pour me jeter sur le volant, que je me casse au passage je ne sais pas combien de côtes et que la ceinture me tranche le cou ? Bon d'accord. Ma respiration est de plus en plus rapide et je me jette sur le volant, tremblante, je tourne le volant un peu trop à droite, et de nouveau à gauche histoire de nous remettre correctement sur la voix. Nerveusement je prend la main de Soren, et la pose sur le volant, pas très tendrement, je le regarde les yeux plein de larmes, la bouche grande ouverte, je pourrais avaler une colonie de mouches.

Le fou rire, tellement nerveux, mais je peux même plus m'arrêter de rire, je prend mon visage entre mes mains pour effacer ses petites traces de larmes, un mélange d'angoisse, de nervosité, de rire, de tout ce que tu veux mélangé. Puis je souffle, pour me remettre doucement de ce petit écart. " Non de dieu si on crève aujourd'hui, je te déclare la fantôme guerre. " Non mais vous vous rendez compte un peu ? Il est complètement givré, ça a beau me faire rire, j'aime pas le suicide collectif, surtout que là on avait pas vraiment de raison valable, et puis, si je meurs, je préfèrerais quand même laissé un petit mot à Lowen pour le faire réfléchir et des insultes contre le monde entier, ou presque. " C'était pas le fond là qu'on a touché, c'était la barrière de sécurité et la porche archaïque qu'on vient de frôler de justesse " Bien que la personne aurait pu faire marcher les assurances, je n'ai même pas de testament fait, pas d'héritage à donner à quelqu'un, attend un peu quand même, si tu veux, dans vingt ans on refait ça, même route, même jour, même endroit, histoire d'avoir profiter un minimum de ma jeunesse.

" Tu fais ça à chaque fois que tu emmènes quelqu'un, quelque part ? Non parce que je comprendrais que certains puissent prendre peur hein " dis-je avec un petit air amusé, je lui en veux même pas d'avoir failli nous planter, c'est normal docteur ? Je dois être un peu maso sur les bords, remarque chacun ses vices hein. Vivement qu'on arrive au pity's que je m'enfile un bon verre de whisky, bien serré, sans glaçon, et sans coca. " Tu te rends compte on aurait pu faire la une des journaux, en gros et en gras : Deux académiciens se tuent dans un grave accident de voiture, et il s'agit de Soren Irvin, le maléfique gourou du Freak Show, accompagnée d'une briseuse de tête Lexie Keldan, prise d'une envie subite de se laisser corrompre. " Quelle fin tragique, comme pour micheal Jackson, y'aurait plus que la presse qui en parlerait, déjà oublié le pauvre garçon. Comme quoi on fait bien vite d'oublier quelqu'un.

Je regarde à nouveau la route, au niveau d'un passage piéton, je vois une mamie au loin, le type même de mémé le dos légèrement vouté, une canne pour aider son dos et ses jambes d'avancer. " Évite de l'écraser j'ai pas envie de nettoyer la voiture, là je pourrais dire qu'on touchera le fond et puis en plus ça réglerait pas non plus le problème des retraites. " Je suis un peu plus attentive à la route que les minutes précédentes, prête à me rejeter à nouveau sur le volant, ou pire, a me détacher pour aller appuyer avec mes petites mains sur la pédale de frein. J'attends avec impatience qu'on arrive à bon port, je souligne le bon, car ça serait bête qu'en plus il ai prit la route sans vraiment savoir ou c'était. Les rallyes en voiture, on est pas encore équipé pour. " Qu'est ce que t'aurais fais si j'avais pas repris le volant ? Tu nous aurais vraiment laissé partir en vrille ? Je veux bien me lâcher, mais pas lâcher la vie, on a beau être lobotomisé en nous laissant croire qu'on aura tous un destin extraordinaire, alors qu'au fond, on sait qu'on sera jamais rien d'autre que des citoyens ordinaire, je ne pense pas que ça serve à quelque chose de se laisser mourir bêtement. Au contraire, pourquoi pas faire des trucs qui montrerait qu'on est pas comme ce putain de troupeau de moutons, qu'on a quelque chose à revendiquer, et moi je revendique la vie, à quoi ça sert si non ? Etre une vraie larve en se confortant dans l'idée qu'on ai rien d'autre qu'un truc vide et sans rien à apporter. L'espoir, y'en a peut être pas des tonnes, mais entre espérer et faire, y'a une marge. "

La guerre fantôme! Arrête gamine, tu vas me faire rire, je te vois déjà me poursuivre en traînant tes chaînes. Je lui jette un regard septique quand je l’entend rire. Un espèce de truc entre le pipi dans la culotte et l’adrénaline, comme quand la princesse elle voit son prince charmant pourfendre la sorcière. Le dégoût des viscères et le plaisir de vivre libre. Enfin, les viscères, c’est tout ce qu’on nous montre pas, c’est fourbe les disneys, les détails sordides ils évitent pour les âmes sensibles. Mais nous on sait très bien que la sorcière elle meurt pas comme par enchantement. Et elle elle sait très bien qu’on aurait pas été gentiment posé dans le fossé. Elle ne laisse pas non plus de place à la chance, on aurait crevé sans aucune hésitation. Mais ne t’en fais pas, j’ai la main scotchée sur le volant, je ne la bouge plus… Si tu arrêtes de faire une tête de Bambi à qui on aurait attaché le cadavre de sa mère à l’arrière du crâne.

Mais elle reprend vite le dessus, elle se montre même plutôt bavarde… Et elle me conseille de pas écraser la vieille. Merde alors, moi qui n’ai jamais essayé, elle est super vache. Et si je t’aide à nettoyer la voiture? Non? Tant pis, je ralentis, la laisse passer, pour repartir avec une allure posée, pas exactement la même que j’ai eu auparavant. Faut dire que les mains sur le volant, c’est largement moins marrant, pas besoin d’appuyer sur la pédale. Pas d’adrénaline, et pas de réflexion philosophique. C’est plat la vie sans risque, la circulation c’est carrément monotone… Pas comme tes questions, et, oh miracle, Soren rit. Maintenant, je vais être obligé de te tuer… Le tintement de mon rire est classé top secret, toujours pareil, c’est pour pas qu’on tombe sous le charme de moi pas en habit d’ours. Ma clope finie, je la jette à la fenêtre, et la clope jetée je balance la gamine par la portière………. Mais non! Je blague! Je pose juste deux doigts contre sa tempe pour repousser légèrement sa tête. C’est amical, je la fracasse pas contre la vitre. Comme si je voulais lui faire entrer un truc dans la tête.

- L’espoir c’est la mort des gens. Le néant c’est la vie. On s’en fou de pas être ordinaire, on l’est de toute façon. On est derrière l’écran et on alimente le rêve débile des gens, ont fait la une des journaux et on pète tous les scores d’audience. On est comme ces meubles Ikea, le dernier canapé en cuir synthétique et pas cher. On est un espèce d’objet et on nous vend.

J’arrête de martyriser sa tempe… Je voudrais pas la lui déformer à force de tapoter. Elle serait beaucoup moins photogénique d’un coup. Ma main vient donc se reposer sur le volant alors que je passe dans la rue qui va nous conduire au pity’s. Et ouais, je sais où je vais, je ne suis pas réellement paumé.

- Ce lâcher c’est pas s’enfiler trois bouteilles de Whisky et vomir tous ce qu’on a ingurgiter, c’est pas non plus danser avec une jupe qu’on aurait jamais penser porter… Se lâcher c’est arrêter de tout contrôler, et toi t’as ta putain de vie en main, derrière tes rêves, tes espérances de jeune gourgandine, ta passion, la télé, la médiatisation… Je nous aurais pas laisser crevé, je nous aurais laisser vivre. C’est pas la première fois que je me plante la môme. Accompagné, ou pas.

Je coupe le contact. On est arrivé en un seul morceau, j’ai fais sacrément fort. Elle a même pas voulu se suicider. Par contre, je t’ouvre la portière pour rentrer, mais pas pour sortir. Galant, mais pas trop quand même. Nous sortons donc de la voiture (à moins qu’elle ne reste dedans, mais c’est peu probable après l’accident qu’on a frôlé, ou alors elle est carrément tétanisée sur sa ceinture) et nous rentrons dans le bar. Sympa, mais pas extraordinaire. Musique en fond, des personnes au bar, d’autre assis entrain de parler autour d’un bon milk-shake, et deux trois adolescentes aux cordes vocales aussi développées que mes poumons emplis de nicotine. Les larsens font rages… Pas cool, mais certainement supportables.

- Nous sommes tous des produits fait pour consommer. Comme des robots éduquer pour faire ce que les spots publicitaires ordonnent. Toi et moi, on sait ce que c’est un verre de flotte, un sac de couchage, et un feu. Pourtant, on va acheter de l’alcool, se vautrait dans nos draps soyeux et bouffer des trucs totalement industriel préparé en 5 minutes au micro-ondes. C’est ça l’espoir de ne pas faire partis du troupeau? Et ben, je préfère me planter en voiture en espérant que tout ce que je possède ne finisse pas par me lobotomiser en me faisant croire que même avec ça et des idéaux innovateurs je peux être marginal.

Prenant une courte pause, je vais m’asseoir avec la gamine à une table, mettant ma tête dans le creux de ma main une fois assis.

- Une fois que j’aurais amassé assez de pognon dans leur show à la con, je m’en servirais pour faire exploser chaque immeuble des chaînes principales. Ca sera le boum publicitaire.

On est d’accord, je dis ça avec ironie. Faut pas non plus me prendre chaque fois au premier degrés, je suis un taré, peut être à ce point, mais peut être pas quand même. Enfin, il faut peu de temps à une serveuse pour venir à notre table, un sourire jusqu’aux oreilles, les yeux pétillants de conneries.

- Heeeeyy! Mais vous êtes les candidats du Fre…

- Non, mais je prendrais quand même une bière. Et pour toi la môme, ça sera un diabolo fraise?

Parfois j'ai l'impression qu'il laisse tomber une partie du masque, je dis qu'une partie, car il reste toujours... ce truc chez lui, étrange, mais depuis tout à l'heure, j'ai l'impression de vraiment découvrir Soren, pas celui qui se fiche de tout, qui n'a aucune conversation, qui passe son temps à te casser, non, là, c'est tellement différent et en plus il a rigolé... Il n'est pas si terrible que ça, il pourrait même être de bonne compagnie. Je n'ai pas souvent ce genre de conversations avec les gens, ça s'arrête bien souvent aux potins, au dernier haut qui est absolument magnifique, à un tatouage qui me ferait craquer mes économies. Et là, il me fait prendre conscience d'un tas de trucs, il s'en rend même pas compte, ou alors il le fait peut être exprès. Tout lâcher, oui ça serait bien, ça me ferait avancer, mais j'ai pas forcément ce courage, je préfère me conforter dans mon quotidien, le bonheur parfait n'existe pas, il n'y a rien de parfait ici, ni ailleurs. J'aurais aimé être si détaché de tout ça, vivre pour moi, mais non, je ne peux pas, les seules choses qui me réjouissent sont les relations que j'arrive à entretenir avec quelques personnes. Je m'attache peut être bien trop rapidement. Et quand on y pense, tout ça c'est que du superficiel, les gens te voient en soirée, tu discutes avec eux via msn, tu les ajoutes sur facebook, et ils ne connaissent que la face que tu veux bien leur montrer, ils te considèrent comme la nana qui adore rigoler et boire, une bonne copine de beuverie quoi. Mais jamais ça n'ira plus loin, et ce genre de relations n'apportent au final, rien. Mais faut que j'arrête de me lancer dans des monologues internes comme ça, quoi que ça me ferait peut être faire un peu de tri dans ma vie.

Bon t'arrête de me tripoter la tempe, je sais qu'elle te fais fantasmer, mais quand même, ma tempe est très prude, sache le. Et puis merde, j'en ai marre de l'entendre avoir raison, il va finir par me rendre dépressive celui là, tu pourrais me tirer vers le haut s'il te plait ? " J'espère être vendue cher alors, histoire de d'acheter le dernier plasma haute définition ". Et puis tu me lances dans un flou, même pas artistique d'ailleurs. " mais arrêter de tout contrôler c'est quoi ? Se lâcher c'est quoi ? " Oui, parce que là, je commence à ne plus rien comprendre, si arrêter de prendre le contrôle, c'est laisser ma nature profonde remonter à la surface, j'exterminerais les trois quarts de la planète, afin d'être tranquille, et de vivre avec des gens un peu moins con. Et puis de toute manière, ça sert à rien de rêver à ce genre de choses, ça ne pourra pas arriver, alors autant rêver de trucs beaucoup plus réalisables. Se créer son petit bonheur artificiel et que personne ne nous fasses chier.

Ah on est enfin arrivé, allez, je vais pouvoir sortir de la voiture et m'aérer un court instant les poumons, je réajuste mon haut pour pas qu'on voit la moitié de mon ventre, je prends mon sac à main et je sors, je met pas trois heures non plus, juste quelques instants, puis je suis monsieur Irvin, la découverte de ce bar, quel plaisir de sortir du Freak Show en petit comité, au moins ici, on sera tranquille, enfin c'est ce que je croyais jusqu'à ce que la serveuse arrive, la rançon de la gloire.

" Une pina colada. " Dis-je, le sourire aux lèvres, il a dit gamine, pas gourgandine, bah alors tu t'essouffles mon pèpère ? " Quand t'auras assez de pognon, tu t'exileras sur une ile déserte, pour que personne ne te retrouve, et je ne pourrais même plus t'entendre m'appeler gourgandine, ça sera triste. " Oui, car je me doute bien qu'il va pas créer des liens ici, du moins pas plus que ça, il est assez solitaire, et on ne sera qu'un passage de sa vie. " Tu sais les gens ne sont pas tous si mauvais que ça, on ne montre que ce qu'on veut bien montrer, ici, c'est l'hypocrisie qui nous gouverne, mais voilà, je ne pense pas qu'on soit tous des créatures vicieuses et perfides. Je suis convaincue qu'il y a des gens bien. La preuve " déclarais-je me pointant ironiquement du doigt. Je n'ai pas une si bonne estime de moi même en fait.

La serveuse nous fait de l’air une fois qu’on a commandé. La fille, elle a pas insisté longtemps, mais c’est mieux ainsi. Vas-y fait pas cette gueule de pas satisfaite, t’es sûre qu’on est du Freak alors souris un bon coup et ce soir tu te vantera à tes amies que t’as servis les gens qu’elles voient à la télé. Bref, toujours est-il ma conversation avec la gamine n’est pas finie. En même temps je me vois mal la planter là et aller m’asseoir un peu plus loin, du genre: fait moi de l’air. La question qu’elle m’a posé dans la voiture est restée en suspens. Putain, j’étais à deux doigts de pas lui répondre, mais ça fait pas très polie. Comment dire. S’amuser c’est… C’est essayer d’écraser des chats sur la route en se demandant s’ils vont s’en sortir ou pas! Ah! Non mais au sens métaphorique du terme. J’suis pas un tueur de chaton. Les chats c’est ton espoir, la route ta vie, et si t’essais de bousiller ton espoir avec ta vie tu deviens Soren Irvin, la référence du je-m’en-foutisme aigue.

- S’enfuir.

J’arque un sourcil pour voir si la gamine me capte, j’ai pas parlé fort mais assez pour qu’elle m’entende. Et ouais, faut un peu fuir son quotidien, fuir loin de sa vie, de son espoir, fuir tout ça pour bien rester dans son trou. On s’en fou de faire bonne impression, les grands sourires et les sales bonnes manières c’est pour les formatés du bulbe.

- On ferme les yeux pour s’endormir tranquille… On cherche tous son style, comme des hypocrites, on se plain, se complet dans notre merde, râle, critique, pointe du doigt ce qui nous va pas, puis on est persuadé qu‘on peut changer le monde. C’est beau. Mais moi je veux être un fou au crochet de personne, je me plais à moi-même, faux narcissique par défaut. Puis, c’est pas le monde qu’il faut changer, c’est la nature humaine. T’as jamais suivis tes cours de philo? C’est là même… Se lâcher c’est s’abandonné. Genre un saut à l’élastique sans élastique, sans personne qui t’attend en bas, sans flotte, sans filet.

La serveuse reviens, boude, nous pose nos boissons et repart. Je prend une gorgée de ma bière en regardant les filles, là bas, s’égosillant à moitié en parlant de Brandon qui a carrément mis à vent à Barbie qui l’a trompé avec Ken. L’innocence de l’adolescence, on croit que tous les malheurs du monde sont sur notre gueule alors que c’est une infime partie de ce qui nous arrive plus tard. Regarde, moi, j’ai fais de la tôle pour un truc vraiment con. C’était Ken qui a demandé à Barbie de faire un scrabble assez spécial, Barbie à dit oui et Brandon il a pas été content. La vie, c’est vraiment pas joli… Surtout après avoir rencontré une batte de baseball de près. Très près.

- Crois pas que je suis au service de mon propre nombril, mais des fois c’est largement mieux.

Ouais, être seul au monde ça a ses avantages, et puis c’est souvent comme ça qu’on est pas déçu par les gens. L’auto défense de la vie, c’est la paix mec. Si tu te fou de tout les gens abandonne rapidement l’idée de t’emmerder avec. Je suis réticent sur certaine chose, les évites en utilisant un cynisme tranchant. Mais regarde fillette, c’est pas pour ça qu’on discute pas tous les deux tranquilles autour d’une bière et d’un diabolo fraise. Preuve que les courbettes c’est pour les connards. J’ai pas besoin de ne pas être moi pour qu’on arrive à s’intéresser. Et puis j’ai pas besoin de sortir de belles phrases pour que je prouve avoir été à l’école. Soren écolier, ça fait rêver quand même.

- C’est rare les gens biens… La plupart du temps c’est ceux qui ont une splendide blessure qui leur traverse la face, qui n’ont jamais eu tout tout cuit dans la gueule. C’est surtout pas des gens qui s’en vante. Jeune gourgandine! T’es quelqu’un de bien. T’as mal, t’es jeune, t’as l’air paumé sans trop l’être. Tu sais ce que tu veux mais t’as pas l’air d’avoir une confiance en toi totalement hallucinante.

Je me redresse, plongeant mes yeux dans ceux de ma voisine.

- Alors rend moi un service. Tu vas lever ton fessier de cette banquette pour aller demander aux filles derrières nous de fermer leur gueule. Sans mâcher tes mots, sinon c’est pas marrant. T’as déjà fait ça? Spontanément? Et si tu pouvais mettre une petite baffe à la blonde ça serait le summum, ça lui permettrait de reconnecter ses neurones.

Levant un sourcil, je secoue ma tête de droite à gauche retenant un rire amusé. Mais le sourire est d’actualité. Ah! Jeune gourgandine, fait moi triper.

- L’être humain à ça d’extraordinaire de tout faire pour ne pas se battre. Paroles, toujours des paroles… Une gifle ne lui suffira pas à m’offrir un combat de boue mais… Fait moi rêver petite, lâche toi.

Il n'avait pas tord dans son raisonnement, il fallait bien l'avouer, mais Lexie elle ne voulait pas croire que sa vie serait comme celle de milliers de personnes qui finissent leur vie avec un mari, des enfants, un chat et la même routine quotidienne, ce n'était pas sa définition du bonheur, elle avait envie de vivre la grande vie, réaliser ses rêves, elle voulait y croire et s'accrocher à cette pensée. Car combien de personnes réalisent vraiment ce qu'il souhaitent ? C'est souvent à l'adolescence que tu découvre que le monde est pas si bien que ça, que tu prends conscience des conflits, que tu as mal, que tu déprimes, que tu donnerais tout pour retrouver l'innocence de tes premières années de vie sur notre chère planète bleu. Il veut me faire prendre conscience de certains trucs, et moi je préfèrerais me voiler la face et continuer sur ma lancée.

" On cherche tous des styles, car on veut ressembler à ce qu'on croit, aux valeurs qu'on défend, on critique parce que c'est dans la nature humaine, se lâcher c'est pas abandonner, puisque si tu abandonnes, tu n'as plus de vie. Je veux pas faire que te contredire t'inquiètes pas, car au fond, tu as sans doute raisons, mais moi je veux pas croire à ça, je veux vivre, je veux pas abandonner. "

Je suis du regard ce que regarde Soren, ah oui, tu vois, quand on parle de jeunesse, c'est de ça dont je veux parler, quoi que la... ça commence peut être à être énervant, les donzelles commencent à prendre conscience qu'elles peuvent plaire, et vendent leur corps au premier venu pour pouvoir dire que ca y'est elle l'ont " fait ". Fait quoi ? L'amour ? Non ça certainement pas, car au delà de leur " super expérience " elles se sont faîtes prendre pour des connes, mais ça, elles le ne savent pas encore, et oui, c'est si moche de perdre sa virginité avec un débile mental.

Je rêve ou Soren vient de sortir une sorte de compliment, j'ouvre grand mes yeux, comme mes oreilles en l'écoutant. Non, ne me dit pas que... Je souris et je me retourne pour regarder les filles... Et je recroise le regard de Soren, amusée, non, il me demande quand même pas ça ? Bah si, il me le demande, bon je suis pas un toutou qui acquiesce à des ordres bêtement, mais pour le coup, c'est vrai que ça pourrait être drôle... Si on ne pense pas aux conséquences que cet acte entraînera... C'est à dire qu'une d'entre elle portera forcément plainte contre Lexie, et ça fera parler du Freak Show. " Jeune gourgandine en déperdition... " Oui ça donne plutôt pas mal comme titre.

Je regarde Soren, en pinçant mes lèvres avec mes dents, un sourire accroché a mes lèvres. Je pèse plus trop le pour et le contre. " Si jamais... si jamais ça se passe mal, t'as intérêt à lever tes fesses. " lui rétorquais-je. Je me lève, prend une mine bien assurée, je dandine des fesses, le faisant exprès, mon verre de Pina Colada à la main, j'arrive à la table ou les jeunes se sont installés, je pose une fesse sur la table et avant de parler j'aspire un petit coup de ma boisson à travers la paille, les faisant légèrement patienter, je regarde la blonde, sans dire un mot, elle me défit du regard, sa chevelure décolorées, une belle pétasse comme le monde en porte des tonnes. " Hey tu veux quoi satanas " m'annonce le " Brandon ". Je passe ma langue sur mes lèvres, m'approchant de brandon et barbie... et je déverse doucement le contenu de mon verre sur la tête de barbie, l'autre main posée sur ma hanche. Ils sont ébahis, ahuris, la blonde commence à hurler hystériquement en se levant et Brandon est prêt à me donner un coup de poing, mais celui là, je le vois pas partir, et je me le ramasse avec une telle violence en pleine mâchoire que j'en tombe à la renverse.

Alors la pour le coup, je pensais pas que ça allait dégénérer de cette façon ...

Frapper une femme, c’est la chose la plus basse de tous les temps. C’est moche et c’est pas gentil… Mais ça m‘empêche pas de manquer de m’étouffer dans ma bière en voyant le spectacle. La gamine m’a fait rêver c’est certain, la blonde n’est pas contente et ses cris hystériques m’amuse. Un vrai gamin devant une série totalement naze. Mais bon, c’est mon côté bisounours, on ne peur rien y faire. Je secoue la tête d’un air dépité en levant mon fessier, de suite après l’incident, certes, mais j’y vais quand même pas en courant. Arrivé au dessus de la jeune gourgandine je repousse brutalement Brandon qui braille je ne sais trop quoi, alors que j’en profite pour m’accroupir auprès de la donzelle.

- On ne se connaît pas tant qu’on ne c’est pas battu…

J’agrippe son bras, toujours un œil sur l’autre mongol qui se chauffe le chou tout seul. Il monologue en pointant du doigt son verre et sa blondasse. J’avoue qu’elle a pas eu de chance… Tu peux aller faire chier n’importe qui dans la rue il évitera toujours la bagarre, s’évertuant dans des grands discours à la con, et la fille elle est tombée sur le seul mec en fusion de la ville. Ah! Quand on a la poisse… Bref je la relève d’un geste énergique, arquant un sourcil consterné.

- Tu vas survivre?

A peine a-t-elle répondu que je lui fourre les clés de la caisse dans une main, ma bière dans l’autre. Je me tourne vers le Mister la mine légèrement moins souriante. Bon vas-y gars, à ton tour de me surprendre. Un long soupir passe mes lèvres, et je me met à sautiller sur place comme ces grands boxers, genre je suis en plein dans un échauffement grandiose, près à la bagarre du siècle, dans un bar où les trois quart des gens ont déjà des yeux ébahit sur la scène.

- Bon vas-y mec, frappe moi.

J’arrête de sautillé, tord mon cou de droite à gauche sans qu’aucun craquement ne se fasse entendre… Mais c’est pour la forme et le show, ça serait largement moins drôle si je prenais tous ça au sérieux. Enfin, on a déjà de quoi faire parler de nous dans les journaux à la con, faut juste qu’un type ouvre la gueule… Cependant, on en est pas encore là, pour l’instant l’excité de basse fait une tête moqueuse en se tournant vers sa copine l’air totalement assuré. C’est le genre de mec qui a confiance en lui plus que de raison, et qui pense dur comme fer que c’est la caïd de la place. Il rentre, on s’écrase, et c’est pas parce que je suis largement plus vieux que lui que le môme se laisse démonter.

- Te frapper?

Ben ouais! Fait pas le con, t’as bien entendu ce que je te demande, je vais pas te faxer ma requête. J’acquiesce donc, il se retourne une nouvelle fois pour voir si c’est pas le genre de caméra cachée qui nous fait bien péter la honte et après en être quasi certain il me balance son poing en plein dans la face… L’éviter? Pourquoi? J’suis un fou moi, je le subit le machin, en plein dans la mâchoire, comme il a pu gentiment le faire à la jeune gourgandine. Je plaque une main sur ma joue, après avoir fait un léger pas de côté.

- Ah! Putain quel connard, en plein sur la mâchoire! Ah…

C’est quand même pas tellement l’embuscade du siècle, y a plus original. Mais je me contente de ça, ouvrant doucement la bouche pour voir si rien n’est déboîté, et je constate avec gaieté que tout est à sa place! L’autre jubile, rigole à gorge déployé, tellement bien qu’il capte à peine mon poing dans son estomac. J’allais pas non plus rester passif et me plaindre pendant des heures de ma mâchoire légèrement douloureuse. Genre en se fait une partie de carte. Et son râle grotesque est empreint de surprise. Ah! Les jeunes sont vraiment persuadés que les vieux c’est plus c’est que c’était. Attend, j’ai connu les vrai bastons moi, pas de celle où les trois quart de tes potes se débinent! Soren c’est toujours le grand gamin qui aime particulièrement le claquement de la chair… Sur la chair. Alors, zen et imperturbable dans mon moment d’adolescence retrouvé, je sors de ma poche mon paquet de clopes, avant que l’autre ne se relève pour me foncé dans le lard. L’art et la manière Brandon, c’est vraiment ça qu’il te manque. Et ta tête en avant ben… Ca me tente tu t’en mettre une tu vois? C’est pour ça que le revers de ma main percute violemment ton nez dans un craquement assez explicite. Le sang gicle sur le sol alors que t’es dévié de ta trajectoire, plaquant à ton tour une main sur ta face. Tu pisses le sang, c’est pas beau à voir. Le nez, c’est vachement sanguin comme machin!

Mon briquet crépite pour laisser chanceler une flamme qui allume mon petit bâtonnet à cancer. Bon, on se fait quoi là? Une bataille de pouce? Navale? J’suis chaud! Volte face vers la jeune gourgandine. Mouais, elle a pas l’air ultra motivé, et les gens alentour non plus. Nous reste qu’à fuir hein, tel des lâches après la bataille. Heureusement que Barbie c’est jetée aux pieds de Brandon pour voir si tout aller bien. Cay bow l’amuur.

- Tu conduis? Enfin seulement si tu fais attention à la route! Tu connais le dicton, femmes au volant…

Je me relève à peine, et qu'est ce que je vois, ah Soren in da place. Le héros du jour, ou plutôt l'anti héros. Je me suis pris un méchant coup de poing à travers la face, mais j'avoue que je n'avais pas ressenti depuis très longtemps une montée d'adrénaline pareille, vous savez quand tout vos sens sont aux rendez vous, que limite tu recommencerais ou que tu chercherais la merde rien que pour sentir à nouveau cette sensation, au moins là, elle est réelle, elle n'est pas déclenchée par un quelconque manège qui te donne la trouille, c'est vrai et tu ne te sens jamais aussi vivant que dans ces moments là. Bon, je ne fais tout de même pas ma fière, j'ai mal. Mais ça reste superficiel, j'aurais juste un petit hématome sur la joue, ou une rougeur, je n'ai pas perdu de dents, c'est l'important, je me voyais pas déjà allez chez le dentiste pour des implants dentaires, je suis encore trop jeune pour ça.

Soren est bel et bien là, en train de se dandiner comme un boxer, il a la fâcheuse tendance à tout tourner à la dérision, mais pour une fois ça me fait sourire, je reste quand même sur le qui vive, parce que si la blonde me saute dessus, ça risquerait de tourner aux tirages de faux cheveux qu'elle a sur la tête, ah les extensions capillaires ça révolutionnent la vie. ( Qui me rappelle un jour lors de mes nombreux voyages en train, une bagarre avait éclatée en gare... Paris Saint Lazarre pour ne pas citer le nom... J'entendais hurler, et un groupe de jeunes passent de façon très énervée devant moi, entourée du personnelle de la RATP... Et j'entends des hurlements stridents annonçant que : " elle m'a volé mes cheveux, elle m'a volé mes cheveux..." Et je regarde l'autre fille, qui avait, en effet, dans les mains une partie des extensions que l'autre n'avait plus sur la tête... Bref tout le monde s'en fou de mes petites péripéties de jeunesse... N'empêche que sur le coup, ça avait été le petit rayon de soleil de ma journée, je m'étais bien marrée... )

Pour l'heure Soren est en pleine préparation mentale pour... non en fait, il s'était peut être pas préparé à recevoir ça en pleine mâchoire... Brandon, tu cognes toujours au même endroit ? Il est pas très original ce garçon dit donc. Je ne viens pas en aide de Soren, cela le vexerait certainement. Lui, au moins à le temps de répliquer, allez Soren, un petit crochet du droit ? Upercute ? Tu vas nous faire quoi, je suis certaine que tu as de l'entraînement derrière toi, j'en profite que l'attention soit détournée sur la scène pour fouiller dans le sac à main de la blonde : gloss, capotes, portefeuille, téléphone. Ah bah le voila son jolie et tout neuf Blackberry. Accessoire indispensable à toute vie de pétasse de Luxe. Je le pose soigneusement par terre et l'écrase tout ce que je sais avec mon talon, je savais que ça me servirait un jour ces fichus talons !!!!!

Oh mon dieu, heureusement que la vue du sang ne m'est pas insupportable parce que là, j'aurais déjà tournée de l'œil, ca allait chauffer pour nos culs, lui comme moi, on le savait, et pourtant l'heure n'était pas au regret. " Hélas, je ne suis pas une femme, mais une jeune gourgandine, le dicton n'est donc pas à prendre au pied de la lettre " lui dis-je en attrapant les clés. Bon c'est pas que je veux qu'on traine pendant des heures encore, mais avant que la police débarque, ou alors toute une bande de jeune excités du poings n'arrivent, il faudrait qu'on file. C'est bon, je prend la fuite, la blonde je la capture et je demande une rançon énorme pour la rentre à Brandon ? Non allez finit de rêver, je monte en voiture, attend que Soren soit assis, et je démarre assez brusquement, on entend les pneus qui crissent sur le béton, et je klaxonne tout ce que je sais en partant. " Oui la fuite en toute discrétion je ne connais pas ça, moi... Mais... faut bien tout lâcher parfois non ? " lui dis-je une moue amusée collée sur le visage. " Alors monsieur Irvin, cette petite escapade aura-t-elle été à la hauteurs de vos espérances ? "

A peine le temps de tirer sur ma clope que la gamine se barre. Je suis pas un speedé de la vie, je pars tranquille en faisant un bref signe de la main à la serveuse qui c’est déjà jetée sur le téléphone. C’est les flics qu’elle appelle… En même temps elle est sûrement pas entrain de commander des pizzas pour mater le spectacle. Quoi que ça aurait pu être fun, mais je préfère me réfugier dans la caisse. C’est quand même bien d’être des stars, on sait que les gens vont tout faire pour étouffer l’affaire. Bref, à peine la portière claquée que je me met à rire dans ma barbe. Attention, un bad boy ne rigole jamais bruyamment, ça tuerait un peu plus de son mystère. Déjà que rire c’est THE REVELATION de l’année… Là c’est bon, j’ai fais mon quota pour les 10 ans à venir. Et le dérapage de la jeune gourgandine en plus de ses coups de klaxons me font peiner à reprendre une tronche aussi stoïque qu’à l‘origine. C’est dur d’être moi des fois, quand même.

- Tu lâches tout parfaitement bien…

Enfin lâche pas tout tout chérie, je vais pas me faire niquer pour avoir cradé les sièges. C’est du cuir en plus! J’ai déjà éraflé la bagnole, c’est pas la peine d’en rajouter! Enfin, avec un peu de chance on ne s’apercevra de rien avant après demain… Voire après après demain, c’est pas tous les jours que les gens prennent la voiture, et vu la soirée en préparation ça m’étonnerait qu’ils lisent à fond les journaux et les derniers potins scandaleux de la ville… Comme quoi, on a un préavis. Bien que je te jure que je ne regrette rien… Nooon, je ne regrette riien.

- Tu trouves pas que faire ce genre de truc c’est l’abandon total? Que plus rien n’a d’importance et que malgré tout cette putain d’adrénaline te fait vibrer de vie?

Je tend une main pour glisser mes doigts dans les cheveux de la gamine. Brave toutou! C’est que c’est une bonne élève la petite. La prochaine fois qu’on sort ensemble tu fais pareil, mais sans moi comme filet et avec un videur de boîte!… Non? Be pourquoi non? Ca peut être carrément drôle, je me souviens moi, un jour. Hm. Bon aller, en s’en branle de ma vie, je lui tapote la tête en reprenant un air plus ou moins sérieux… Autant pas vous faire un dessin ça frôle plus le moins que le plus, avec la lèvre inférieure qui tremblote comme celle d’une adolescente pré pubère devant un film de guimauve. Sauf que moi c’est pas de chialer que je me retiens, c’est de rire. Et mes yeux étincelants de connerie le lui prouve bien. Mais! Regarde la route avant de me regarder à moi hein. Pas que j’aimerais pas l’idée que tu lâche tout à coup le volant, quoi que en une heure même pas, avoir déjà touché le fond à ce point ça serait une avancé un peu trop spectaculaire.

- T’as été à la hauteur de mes espérances jeune gourgandine… Et tu m’as carrément fait rêver, triper, marrer. La prochaine fois tu me refais pareil mais au McDo, je pourrais mater le spectacle en bouffant mon hamburger.

Tirant sur ma clope je la lâche un peu pour lui faire de l’air, entrouvrant la fenêtre pour ne pas enfumer la voiture. Ils ont gagner le jackpot avec moi! C’était à leur risque et péril après tout. J’entend déjà la voix stridente d’Anne, mais surtout de Kelyann, dingue ce qu’il a une voix aigue hein?, hurler une tonne de recommandations… Ou au contraire, rien nous dire du tout en espérant qu’on apprenne tout seul de nos erreurs. Quoi que pour le coup, je trouverais cette solution légèrement plus con. C’est le genre de truc pour punir les enfants sages, or je suis loin d’être sage et discipliné.

- Et toi alors? Pas trop déçu de cette journée avec le renfrogné Soren Irvin? La bête du Gévaudan version homme? Mais attention, si tu dis que tu m’as vu rire, je devrais mettre fin à tes jours dans les plus brefs délais.

Soren, ne me déconcentre pas trop quand je conduis, je suis pas une as du volant, et même si ce fut bien plaisant, je continue de tenir à la vie. Non pas que j'aurais envie de finir incontinente sur un lit d'hôpital, mais d'ici là, j'ai encore quelques années à poursuivre, vois-tu... On arrive au niveau d'un feu rouge, je stop donc la voiture, et en profite pour me concentrer sur la conversation, oui les femmes savent faire plusieurs choses à la fois, mais quand c'est fait en même temps, c'est généralement bâclé, Lexie préfère prendre un peu plus de temps, et puis au passage ça fait patienter Soren, faut bien qu'on lui travaille la patiente à ce type la. En plus il rigole, j'ai du mal à savoir s'il se fiche de moi ou si c'est la situation, je le regarde légèrement perplexe en secouant la tête, ne prêtant même plus attention au feu rouge.

" Oui c'est pas mal de s'abandonner de cette manière, sauf que je ne le ferais pas quotidiennement, tu vois j'ai pas envie de casser la gueule a chaque type qui se pointe vu ma corpulence... je peux pas me le permettre, contrairement à toi. " Comment ça, ça klaxonne derrière ? Je regarde furtivement dans mon rétroviseur, voir la tête du con qui s'impatiente, et je regarde en face de moi, en effet le feu est passé au vert... Mais bon sang, qu'ils sont pressés dans la vie, c'est bon la fin du monde est annoncé pour 2012...

Et voilà qu'il ébouriffe ma si ... si superbement et bien coiffée crinière avant qu'il mette ses doigts la dedans, quelles grandes paluches il a en plus dit donc... si tu massez un peu ça serait bien plus agréable. Enfin, après les klaxons incessants, je me décide à avancer tout de même, on va pas coucher ici toute la nuit non plus... Et puis ils seront ravis de voir que leur voiture est revenue en un seul morceau, pas comme nos mâchoires certes, mais on fait ce qu'on peut non ? J'imagine déjà les réactions, diverses et variées d'Anne et de Kelyann. En ce moment on peut dire que les petites conneries je les enchaines, et celle ci sera sans doutes médiatisée.

" On aurait pu se faire passer pour des victimes si tu ne lui avait pas cassé la cloison nasale tu sais... mais il le méritait, moins que Kelyann... mais il le méritait tout de même. Tu sais je pense qu'Anne et Kelyann ne s'entendent pas si bien que ça, en faisant pression, je suis sûre qu'on pourrait le virer facilement. Grève de Prime, ça te tente ? "

Non allez, n'allons pas nous mettre des idées pareilles en tête, le trajet finit, sans trop de difficultés, je gare la voiture à l'emplacement exact ou nous étions monté dedans. Je sors péniblement de la voiture, qu'est ce que j'aime pas ça les fins de journées, puis revenir à une réalité si pesante après ce petit interlude... Très peu pour moi. " Un jour il faudra penser à arrêter les hamburger tu vas finir par prendre de la bedaine. " lui dis-je envoyant une petite tapounette sur le ventre, pas bien méchant. " Non je n'ai pas été déçue, tu es plutôt drôle au fond... ". Elle rigola à la réplique de Soren et des petits fous rire qu'il eut. " Je ne dirais rien, si tu arrêtes de m'appeler gourgandine" rigola-t-elle.

Elle regagna les portes de l'académie, leur petite virée avait était sympathique, elle en était satisfaite, comme quoi, parfois, les petits plaisir sont bien plus appréciables qu'un milliers de photoshoot ou de tatouages sur le corps. La c'était un plaisir simple et non matériel que d'avoir appris un peu sur l'un des candidat de l'émission... " C'est le moment de se dire au revoir, la douche m'attend, ainsi que la pharmacie, j'ai pas envie d'avoir une paralysie faciale demain en me réveillant... "

Grève de prime! Ah, me met pas de telles idées en tête mécréante, ça pourrait germer et je pourrais boycotter son émission! Aller, sit-in sur le tapis rouge, à la Gandhi. Je secoue la tête, d’un air faussement intéressé, mais je fais pas plus de blabla sur le thème. On parle, on parle, mais le machin c’est notre garde mangé. Bien que personnellement ça ne me dérangerait pas le moins du monde de faire chier Kelyann. Je serais même cap de coucher avec Anne pour faire virer ce type. Oui, je peux donner de ma personne pour les bonnes causes, même si c’est avilissant pour l’homme, erm. Je suis un brave mec au fond, et si je peux rendre service.

Elle tapote sur mon bide quand je sors le cul de la bagnole. Je soulève mon haut d’un air distrait pour constater que les dégâts des hamburgers ne sont pas encore vraiment présent. J’ai pas un corps bodybuildé mais je suis pas non plus le gros tas de basse. Ah! Qui sait, ça serait peut être mieux, j’aurais jamais rencontrer ma femme, j’aurais jamais fais de la tôle, et avec un peu de chance je me gaverait de hamburgers à longueur de journée parce que je serais le créateur acharné de la firme. Toutes les femmes seraient à mes pieds parce que je serais tunné, et on me regarderait pas comme un misanthrope antipathique.

- A mon âge, ce n’est plus important de prendre de la bedaine! Et j’arrête de t’appeler gourgandine la mioche, bien que je trouve que ça te va super bien.

Reprenant mon apparence stoïque et mystérieuse, ah il est beau le bad boy, je monte les marches qui nous amène sur le Freak. Aller, go la gamine, nous retournons direct dans l’antre du formatage. Elle était belle notre petite virée et nos belles phrases philosophiques, et là on va tout oublier pour aller se vautrer dans nos draps supers chers… Enfin, toi tu vas aller soigner ce vilain bobo, moi je suis un mâle, un vrai. Je verrais demain si ça a gonflé, au pire je dirais que je me suis fais taper par elle… Elle est si forte avec des bouteilles en verre et des talons aiguilles!

- Va te soigner petite nature, moi je retourne errer dans les quatre coin de ma chambre!

Un bref signe de main et me voilà en direction des chambres.
Good bye my warrior.